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Campagne de vaccination contre la grippe A(H1N1) et internet: les pouvoirs publics ont brillé par leur absence !

Au nom de la commission d’enquête sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination contre la grippe A(H1N1), le Président M. Jean-Christophe Lagarde et le Rapporteur M. Jean-Pierre Door, ont remis leur rapport en date du 6 juillet 2010.

Crise de confiance

Le constat est sans appel : « La pandémie que nous venons de connaître a été le formidable révélateur d’une crise de confiance : celle de nos concitoyens qui ne croient plus aux messages de prévention et de santé publique, se défient de la parole de l’État en période de crise sanitaire et préfèrent s’en remettre à d’autres sources d’information, aux intérêts divers mais très médiatisées ».

Rôle d’internet

Ce qui est nouveau est le rôle d’internet dans la gestion de cette crise. En effet, le rapport précise bien : « Les folles rumeurs sur internet, les attaques violentes du lobby anti-vaccin ou encore les annonces spectaculaires de pseudo-experts en quête de gloire médiatique auront sans doute laissé des traces. Le sensationnalisme a prévalu sur les faits documentés ; la parole officielle a été décrédibilisée par des acteurs sur les motivations desquels on s’interroge encore.

Internet responsable ?

Le rapport poursuit : « Un tel constat n’est pas nouveau en période de crise sanitaire. La violence des propos sur internet a sans doute été une cause des problèmes connus par la campagne de vaccination, mais elle est aussi probablement la conséquence d’un mal plus profond de la société française qui semble avoir préféré l’irrationnel au rationnel ».

Sur internet, un débat qui a débordé les autorités… parce qu’elles étaient absentes !

« C’est probablement sur internet que les rumeurs les plus folles ont pu courir sur la nature de la grippe A(H1N1) et sur les vaccins. Si certaines affirmations farfelues étaient à l’évidence faciles à contester, d’autres, plus subtiles et traduisant les doutes principaux de la population française, auraient sans doute mérité d’être traitées avec plus d’attention par les pouvoirs publics pour y répondre par une argumentation appropriée : ainsi en a-t-il été de l’inutilité et de l’inefficacité de la vaccination, de l’affirmation d’un lien de causalité entre adjuvants et syndrome de Guillain-Barré, ou encore de l’idée que les vaccins, élaborés dans l’urgence, auraient été insuffisamment testés ». Ces rumeurs étaient au service d’intérêts divers. Si certaines interventions sur internet avaient pour objet de contester le recours à une campagne de vaccination collective (ce qui était légitime car il s’agissait de discuter d’orientations stratégiques) ; en revanche, d’autres se sont appuyés sur ce nouvel outil de communication, très efficace, pour faire valoir des opinions tout à fait contestables à l’instar des lobbys anti-vaccinaux qui contestent le principe même du recours à la vaccination et qui ont pris une certaine ampleur depuis la campagne de vaccination contre l’hépatite B que d’autres groupes ou individualités qui y sont allés de la fameuse théorie du complot : «  le virus aurait été créé par les laboratoires en assortissant un virus humain et un virus porcin, afin de commercialiser un vaccin dont la production aurait anticipé la pandémie ; les vaccins seraient mortels ; la vaccination serait obligatoire et forcée ; ou encore, la pandémie aurait été créée de toutes pièces pour préparer un génocide mondial ». De telles dérives, très préoccupantes, doivent être prises en compte par les pouvoirs publics pour l’avenir, encore faut-il qu’ils soient présents sur la toile…

42 propositions

Les députés formulent dans leur rapport 42 propositions ; celles-ci portent sur le bilan de la vaccination au plan européen, sur les procédures de négociation avec les laboratoires, sur la définition de la stratégie vaccinale et sur la démarche d’acquisition des produits de santé, sur la définition de la pandémie (6 mesures), mais aussi et surtout sur les outils disponibles pour lutter contre la pandémie (23 mesures) et sur la communication (13 mesures).

Proposition n°33 : Renforcer le pôle de veille multimédia au sein du service d’information du Gouvernement et prévoir une réponse adaptée sur internet et surtout les réseaux sociaux.

Il faut dire que les autorités ont brillé par leur absence de réaction appropriée face à l’ensemble de ces rumeurs ; et pourtant, le rapport nous informe qu’il faut reconnaître au service d’information du Gouvernement d’avoir identifié, dans une note du 5 décembre 2009, « la place d’internet dans le débat sur la vaccination et la faible visibilité, sur ce média, des messages institutionnels jugés trop administratifs ou trop politiques ».Malgré la préconisation d’adapter les messages aux internautes pour optimiser leur compréhension et susciter l’adhésion, un seul partenariat avec Doctissimo a eu lieu en participant à des forums de discussion. Le rapport préconise impérativement que « la communication gouvernementale envisage une présence plus importante sur ce média (internet) où se lancent les alertes et se forgent les opinions. Elle ne doit pas seulement délivrer de l’information officielle : il lui faut réagir aux rumeurs et présenter des contre-arguments ». Et, pour illustrer ces propos, les auteurs proposent de « s’inspirer de l’exemple du Centre pour la prévention et le contrôle des maladies d’Atlanta (CDC : Centers for Disease Control and Prevention), doté d’une cellule de veille internet richement étoffée et qui permet aux autorités de détecter rapidement les rumeurs, notamment sur les réseaux sociaux, et d’y répondre. Il ne s’agit évidemment pas de mettre en place une surveillance à visée coercitive ou de censure. Il ne s’agit pas non plus de répondre de manière anonyme, au contraire : la réponse de l’État doit pouvoir être identifiée comme telle ».

La crise n’a finalement pas eu lieu, et c’est heureux…

Les rapporteurs concluent non sans humour : « La crise n’a finalement pas eu lieu, et c’est heureux ». Mais ils poursuivent immédiatement : « à l’évidence, les professionnels de santé et la population demandent un changement des règles ; celui-ci est aujourd’hui nécessaire pour obtenir l’adhésion de la population lorsque surviendra une pandémie grave ». Pour finir par : « Après cet événement qui n’a pas causé de dommages d’une ampleur aussi grande que celle qu’on avait un temps prévue, nous avons aujourd’hui l’opportunité de réfléchir aux améliorations à apporter pour restaurer la confiance dans les politiques de santé publique et gérer au mieux les futures « crises » ».

Qu’on se le dise… mais surtout il est grand temps d’entamer cette réflexion collective !

Vous voulez lire le rapport ? Rapport fait au nom de la commission d’enquête sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination contre la grippe A(H1N1)

Rougeole : après l’OMS, c’est l’Institut de veille sanitaire qui s’inquiète d’une couverture vaccinale insuffisante

Début décembre 2009, j’avais écrit un billet intitullé L’OMS met en garde sur un risque de résurgence de décès dus à la rougeole : dommage collatéral de la polémique sur la vaccination contre la grippe A H1N1 ?, aujourd’hui c’est l’Institut de veille sanitaire (InVS) qui nous alerte sur l’intensification de l’épidémie de rougeole pour la France ; en effet, le nombre de cas a plus que doublé, passant de 604 en 2008 à 1 525 en 2009. La conclusion est sans appel : c’est la couverture vaccinale qui reste insuffisante.

La rougeole est redevenue en juin 2005 une maladie à déclaration obligatoire

En France, en 2005, un plan national d’élimination de la rougeole a été mis en place avec comme objectif de couverture vaccinale de 95 % à l’âge de 2 ans. Pour mémoire la recommandation actuelle de vaccination contre la rougeole (avec un vaccin trivalent rougeole-oreillons-rubéole) est l’administration d’une 1re dose à 12 mois et d’une 2e dose entre 13 et 24 mois ; de plus, une circulaire de la Direction générale de la santé fixe des recommandations spécifiques de vaccination autour d’un cas ou de cas groupés.

Evolution de l’incidence depuis 2006

Alors que la circulation du virus semblait assez limitée en 2006 et 2007 (respectivement 44 et 40 cas déclarés), une résurgence de la maladie en France a été observée au printemps 2008 avec une nette accélération à l’automne de cette même année : 604 cas déclarés en 2008 et un nombre provisoire de rougeoles déclarées de 1525 pour 2009. Pour le mois de janvier 2010, l’InVS a déjà reçu près de 100 déclarations obligatoires de rougeole.

Quelles âges pour les cas de rougeole ?

L’âge médian (l’âge médian est l’âge qui divise la population en 2 groupes numériquement égaux, la moitié est plus jeune, l’autre moitié est plus âgée) des cas de rougeole en France est de 12 ans (extrêmes : 1 mois – 76 ans). Les enfants de moins de 1 an représentaient près de 8 % des cas (122 cas déclarés) et les adultes de 20 ans ou plus représentaient 23 % des cas. Entre 2008 et 2009, la distribution des cas par groupes d’âges a significativement changé, avec notamment une augmentation significative en 2009 de la proportion des cas de moins de 1 an ainsi que des cas âgés de 20-29 ans..

Vaccinés ou pas ?

L’analyse du statut vaccinal montre que sur les 1 313 cas pour lesquels ce statut était renseigné, 83,5 % n’étaient  vaccinés contre la rougeole, 13 % n’avaient reçu qu’une dose, seulement 2 % avaient vraiment reçu 2 doses et, enfin, le nombre de doses était inconnu pour 1,5 %.

Foyers épidémiques recensés et populations concernées

Dans 23% des cas documentés, l’école est le lieu présumé de contage mais depuis début 2009 des foyers épidémiques ont aussi été observés dans la communauté des gens du voyage, favorisés par les rassemblements réguliers de personnes venant de différentes régions de France et d’autres pays européens.

Sous-estimation des cas de rougeole

Même si des actions de sensibilisation à la déclaration obligatoire de la rougeole ont été menées auprès des professionnels de santé depuis fin 2008 il a été clairement démontré, notamment lors des investigations des cas groupés que les chiffres de déclaration obligatoire sous-estimaient l’incidence réelle de la rougeole.

Situation préoccupante

L’augmentation significative de la proportion de cas chez les moins de 1 an et les 20-29 ans a été observée entre 2008 et 2009 traduise un niveau d’immunité insuffisant des jeunes adultes (les jeunes mères ne transmettent ainsi pas d’anticorps maternels pendant leur grossesse) et l’importance des recommandations vaccinales dès 9 mois pour les enfants entrant en collectivité. Bien qu’une amélioration de la couverture vaccinale du vaccin contre la rougeole à 24 mois en France soit observée ces dernières années, elle reste insuffisante et inférieure au niveau fixé par le plan national.

Cette situation préoccupe l’Institut de veille sanitaire ; renforcer les activités de vaccination contre la rougeole des jeunes enfants ainsi que celles du rattrapage des enfants, adolescents et jeunes adultes telles que recommandées dans le calendrier vaccinal restent prioritaire

Après l’OMS qui s’inquiétait et met en garde contre une possible résurgence des décès dus à la rougeole si les efforts de vaccination n’étaient pas maintenus c’est l’Institut de veille sanitaire qui prend le relai pour la France. J’espère que l’InVS sera bien entendu et que la polémique sur la vaccination contre la grippe A H1N1 ne viendra pas altérer l’impact des actions qui sont, et seront, prises dans ce domaine.

Le Président Sarkozy en appelle de tous ses vœux à refonder la médecine libérale

Dans un contexte de polémique sur la gestion de la pandémie de grippe A (H1N1) et de tension avec les syndicats de médecin libéraux, Nicolas Sarkozy a annoncé le 12 janvier, à Perpignan lors de ses vœux au monde de la santé, avoir demandé au président du Conseil national de l’ordre des médecins de lui faire des propositions à la fin de mars pour refonder la médecine libérale.

Le médecin libéral est le premier recours

« Le médecin généraliste est un repère indispensable dans notre vie quotidienne et nous aurons toujours besoin d’un médecin à proximité » nous rappelle le Président avant de constater que la médecine libérale est « confrontée à deux défis très difficiles ». L’un est numérique, « sur dix inscriptions à l’ordre de nouveaux médecins, il n’y en a plus qu’une aujourd’hui en libéral » et l’autre est qualitatif « l’exercice libéral a perdu de son attractivité ».

Changement du mode d’exercice de la médecine libérale : une réalité sociologique

« En résumé, la médecine libérale doit être, j’emploie un mot fort, refondée à l’heure même où les demandes qui lui sont adressées n’ont jamais été aussi nombreuses ».

Un enjeu immense

Le Président Sarkozy a confié cette mission « d’état des lieux et de propositions » au président du conseil national de l’ordre des médecins, le Docteur Michel Legman. Pour « inventer un nouveau modèle de soins de premier recours », le Docteur Legman aura deux mois et demi, c’est-à-dire rendre sa copie avant la fin du mois de mars !

Le Président a déjà des idées…

« Il faudra simplifier la vie du praticien », le temps passé aux « travaux administratifs » et à la « paperasse », « c’est du temps en moins pour soigner les malades ». « Le choix des conditions d’exercice doit évidemment rester entièrement libre » et « rester fidèle aux principes de la médecine libérale » mais il faudra offrir aux praticiens qui le souhaitent la possibilité « d’exercer dans des maisons de santé, des centres de soins ambulatoires ». La mobilité devra aussi s’imposer « le médecin généraliste, demain, n’aura pas un seul mais plusieurs lieux d’exercice ». Et enfin, « la question de la coopération avec les autres professionnels de santé » est reposée ; « les pharmaciens d’officine, les infirmières libérales seront une composante de l’offre de soins de premier recours » afin de laisser la possibilité aux médecins généralistes de « se recentrer sur des consultations de cas plus difficiles ».

Volonté ou contre-feu ?

La question posée de la refondation de la médecine libérale est plus que légitime, elle s’impose ; mais pourquoi la poser maintenant et demander à ce pauvre Docteur Legman, qui néanmoins aura le droit de s’entourer « d’experts » mais « au sein d’un groupe de travail restreint », de rendre ses propositions en deux mois et demi.

S’agit-il d’une véritable volonté de notre Président ou simplement de la tentation d’allumer un contre-feu dans cette période difficile de relation avec la médecine libérale ?

Nous en reparlerons… à suivre….

Roselyne Bachelot profite de la trêve des confiseurs pour communiquer

C’est sous le titre « La campagne de vaccination ne saurait se réduire à quelques réquisitions maladroites » que notre ministre de la santé et des sports, Roselyne Bachelot-Narquin signe, dans le Monde, une lettre à destination des « réquisitionnés ».

Internes, étudiants en médecine et en soins infirmiers unissez-vous !

« Je tiens à m’adresser à tous les internes, ainsi qu’aux étudiants en médecine et aux étudiants en soins infirmiers auxquels nous demandons beaucoup » commence ainsi la ministre avant d’expliquer immédiatement que « le virus A(H1N1) a émergé à la fin du mois d’avril au Mexique… et dès le début du mois de mai, le gouvernement a décidé qu’il se mettrait en capacité de proposer à chacun de nos concitoyens qui le souhaiterait de se faire vacciner, le  plus rapidement possible ».

« A partir de cette date, des mesures sans précédent ont été prises, d’une part pour acquérir le nombre de doses de vaccins nécessaires et, d’autre part, pour déterminer la manière de les administrer au plus grand nombre dans un temps très restreint ».

La suite n’est que justification du « défi » auquel le gouvernement a été confronté : « proposer la vaccination à 65 millions de Français, sans prendre le moindre risque de déstabiliser notre système de soins… » ; c’est-à-dire vacciner avant la première vague épidémique tout en « protégeant à la fois l’hôpital et la médecine de ville ».

Deux contraintes : l’une logistique, l’autre administrative

Une contrainte logistique, « pour disposer de vaccins rapidement, les laboratoires pharmaceutiques nous les ont livrés en lots de flacons multidoses (10 doses par flacon) », mais nous ne saurons peut-être jamais si c’était à la demande des autorités afin de gagner tu temps (plus que de l’argent). Ce conditionnement de 10 doses par flacon, « pas adapté à une vaccination en cabinet de ville » est aujourd’hui bien utile comme argument (ou justification) à opposer à la fronde des médecins libéraux qui, pour beaucoup contre ce vaccin, auraient néanmoins volontiers accepté quelques consultations supplémentaires.

Une contrainte administrative « la traçabilité » renforcée de la pharmacovigilance qui « aurait entraîné une surcharge de travail pour tout professionnel exerçant seul et dont le temps est si précieux ».

Réquisition, si tu savais tout le bien je pense de toi…

La suite n’est que explication (ou justification) du choix de la réquisition « afin de protéger ces professionnels volontaires, l’Etat a fait le choix d’une protection juridique maximale que seule la réquisition prévoit ». « Dès le 21 août, date de la circulaire fondatrice du dispositif de vaccination, le principe général de la mobilisation des professionnels de santé était énoncé clairement : le volontariat et la mobilisation de tous au service de nos concitoyens, mais en respectant un ordre de priorité permettant de préserver l’offre de soins ». Si certains n’apprécient pas d’être réquisitionnés appelés, c’est qu’ils n’ont rien compris à la chance de « contribuer à cette formidable démarche de santé publique ».

Démarrage lent…

Après un démarrage lent, « la population a massivement adhéré à cette démarche de prévention », massivement… cela relève un peu de la méthode Coué !

Mais revenons aux réquisitions

Dès l’annonce de réquisitions de professionnels, la ministre a « immédiatement donné des instructions pour que la mobilisation se fasse en « bonne intelligence » » et la campagne de vaccination a déjà permis de vacciner 5 millions de nos concitoyens confirmant ainsi que cette campagne « ne saurait se résumer à quelques réquisitions maladroites et, à cet égard, regrettables ».

Concitoyens, retenez que vous avez de la chance !

Nous devons tous retenir que « c’est la chance qu’a la France de disposer d’un système de santé ayant la capacité de mener de front une campagne de prévention sans précédent tout en préservant la prise en charge des malades, y compris des plus graves ».

Internes et étudiants en médecine et en soins infirmiers, vous pouvez compter sur Roselyne Bachelot, et plus encore sur les instructions qu’elle a données pour que la rémunération qui vous revient « soit versée dans les meilleurs délais » et pour conclure elle veut vous le redire combien elle vous remercie.

Communication, transparence et principe de précaution où tu nous mènent…

Cette pandémie restera, à plus d’un titre, exceptionnelle ; c’est notamment la première à l’ère, de ce que l’on appelle, la communication mais aussi celui de la transparence et du principe de précaution, pour le meilleur et pour le pire.

La transparence qui a amené, suite à une saisine de la Cada (Commission d’accès aux documents administratifs), le ministère à rendre publics les textes des contrats, signés avec l’industrie pharmaceutique et conservés par l’Eprus (Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires) ; en effet, la Cada qui avait jugé que ces contrats avaient « vocation à être portées à la connaissance de tous, dans le cadre d’une politique de santé publique transparente ».

Principe de précaution, qui peut, tant justifier le fait de vouloir vacciner tout le monde (considérant le risque potentiel de la grippe A H1N1) que de ne vacciner personne (considérant le risque potentiel de la vaccination).

Technologie de la communication qui permet de suivre en temps réel l’évolution de la maladie à travers le monde mais aussi qui permet à n’importe quel bloggeur (que je suis…) de prendre une position totalement opposée à un groupe d’experts (c’est bien connu qu’un bloggeur, seul réuni avec lui-même, sans aucune expertise sur le sujet, peut, dans sa plus grande sagesse, aller à l’encontre de recommandations documentées émises par un groupe d’experts).

Exercice ministériel difficile

Je ne suis pas un suppôt de Roseline, mais je pense que, en son âme et conscience, elle s’est entourée d’experts et personnes compétentes afin de bâtir, en son temps, il y a quelques mois, un plan de prévention contre la grippe A dont la vaccination n’est qu’un des piliers. Elle n’aurait pas prise de telles mesures, les mêmes qui critiquent aujourd’hui auraient critiquer son absence de réactivité (souvenons-nous de la canicule).

Communiquer sur la grippe A H1N1 devient un exercice difficile, et encore plus en cette période. Après un début de communication en fanfare, voir hypermédiatique, notre ministre n’a visiblement pas su trouver les bons sujets, les bons mots et les bons canaux et se livre aujourd’hui à l’exercice, plus classique, de la lettre ouverte.

Critiquer est aisé !

« La critique est aisée et le critique dans l’aisance » disait Jules Renard ; néanmoins, nous ne pourrons pas nous priver, a posteriori, d’analyser et d’essayer de comprendre comment communiquer efficacement sur des sujets de santé publique aussi important en échappant à la certaine cacophonie ambiante qui règne actuellement.

L’OMS met en garde sur un risque de résurgence de décès dus à la rougeole : dommage collatéral de la polémique sur la vaccination contre la grippe A H1N1 ?

Alors que les pays occidentaux vaccinent massivement leurs citoyens contre la grippe A H1N1, parfois accompagné, et notamment en France, de son lot de critiques et polémiques,  l’OMS s’inquiète et met en garde contre une possible résurgence des décès dus à la rougeole si les efforts de vaccination ne sont pas maintenus.

Réduction de 78% des décès dus à la rougeole entre 2000 et 2008

Même si le nombre des décès dus à la rougeole dans le monde a chuté de 78% entre 2000 et 2008, tous les experts de la vaccination au niveau mondial restent inquiets.

L’OMS, l’UNICEF, la Fondation des Nations Unies, la Croix-Rouge américaine et le CDC ont émis un communiqué conjoint alertant qu’une résurgence de la maladie reste toujours possible si les efforts de vaccination ne sont pas maintenus.

Pourquoi le risque d’une telle résurgence ?

Alors que la vaccination de près de 700 millions d’enfants contre la rougeole, par l’intermédiaire de campagnes de vaccination de grande ampleur et d’une couverture vaccinale systématique élargie, a permis de sauver, selon les estimations, près de 4,3 millions d’enfants en moins d’une décennie, la poursuite de cette  initiative contre la rougeole se trouve confrontée à un déficit financier de, seulement, 59 millions de dollars pour l’année 2010 !

L’actuelle pandémie de grippe A H1N1 ne doit pas amener les pays industrialisés à revoir leurs engagements politiques et financiers dans le carde de la lutte contre la rougeole

Quelles conséquences ?

Le risque est de voir le nombre de décès repartir à la hausse pour aboutir à 1,7 million de décès liés à la rougeole entre 2010 et 2013.

Le montant de 59 millions de dollars, c’est-à-dire 39,7 millions d’euros, semble dérisoire par rapport à l’enjeu; l’inquiétude de ces institutions ne traduirait-elle pas une autre inquiétude : celle du véritable impact de la polémique actuelle sur la vaccination contre la grippe A sur toutes les autres vaccinations ?

Qui fait quoi, au niveau national, contre la pandémie de grippe A H1-N1 ?

Grippe

Les principaux protagonistes

L’organisation nationale de la lutte contre la pandémie grippale s’organise sous l’égide des services du Premier ministre et en collaboration avec les Ministère de l’Intérieur et de la Santé.

Ils assurent notamment :

  • la constitution des stocks de produits de santé nécessaires à la protection des populations,
  • l’organisation des soins,
  • l’information des professionnels de santé et
  • en cas de menace sanitaire grave, la prescription de toute mesure nécessaire pour en limiter les conséquences.

Les autres protagonistes

  • La DGS (Direction générale de la santé) qui, dans le cadre de la préparation de la lutte contre les épidémies, centralise l’ensemble des alertes et agit en liaison avec les autres ministères et les institutions concernées. La DGS organise et assure aussi la gestion des situations d’urgence sanitaire.
  • La Direction des hôpitaux et de l’organisation des soins qui, dans le cadre de sa participation à l’élaboration et à la mise en œuvre de la lutte contre les épidémies organise l’offre de soins.
  • L’AFSSAPS (l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) prend ou demande aux autorités compétentes de prendre les mesures de police sanitaire nécessaires lorsque la santé de la population est menacée.
  • L’INVS (Institut national de veille sanitaire) est, chaque hiver, en charge de la surveillance et de l’impact de la grippe (nombre de cas, décès, etc.) à partir des données collectées chaque semaine par les Groupes régionaux d’observation de la grippe (Grog) et le réseau Sentinelles. La surveillance virologique est assurée par l’Institut Pasteur pour le nord de la France et par les Hospices civiles de Lyon pour le sud du pays.
  • L’EPRUS (Etablissement de Préparation et de Réponse aux Urgences Sanitaires, établissement public administratif créé par la loi du 5 mars 2007, est chargé de mettre en place un corps de réserve sanitaire et de gérer les stocks et la logistique d’approvisionnement des produits pharmaceutiques nécessaires en vue de répondre aux situations de catastrophe, d’urgence ou de menace sanitaires graves sur le territoire national ou à l’étranger. Ce corps de réservistes complète, en cas d’événements excédant les moyens habituels, comme c’est le cas en de pandémie, ceux mis en œuvre par les services de l’Etat, les collectivités territoriales et les autres personnes participant à des missions de sécurité civile.
  • L’INPES (Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé) contribue à la gestion des situations urgentes ou exceptionnelles ayant des conséquences sanitaires collectives, notamment en participant à la diffusion de messages sanitaires en situation d’urgence.

D’autres ministères jouent aussi un rôle dans le cadre de la lutte contre la pandémie grippale :

La pandémie de grippe A(H1N1) révélatrice d’une soif de démocratie

solidarite« Nous, politiques, syndicalistes, chercheurs, médecins, associatifs, tous signataires de l’appel, demandons aux pouvoirs publics d’ouvrir au plus vite le débat.
La lutte contre la pandémie de grippe A ne pourra se résumer à une seule réponse technique, agrémentée de choix individuels. Elle doit être une réponse collective… »

Telles sont les premières phrases d’un appel « Notre souci : préserver la démocratie » lancé ce jour par le quotidien Libération et signé par une cinquantaine de personnes qui réclament une gestion démocratique de la pandémie de grippe A(H1N1).

Les pandémies : reflet de notre société…

Un effet inattendu de la pandémie de grippe A(H1N1) est de révéler des facettes de notre société.
L’appel poursuit ainsi : « …Quelle que soit la force de la pandémie, ce sont les plus démunis, les plus isolés, les plus fragiles qui se retrouveront sans défense face à ce virus. Les pandémies ont toujours agi comme un reflet des trous noirs d’une société. Des enjeux éthiques importants peuvent se poser brutalement, mettant en danger les libertés de chacun… ».

Préserver les règles de la démocratie

La préparation et la gestion de la pandémie de grippe A(H1N1) ne peut se limiter à la question du « vaccin, des stocks d’antiviraux, des gestes barrières ». « Les décisions ne doivent pas être prises dans un cénacle d’experts. Le débat doit s’ouvrir sur les enjeux humains et sociétaux des stratégies de lutte contre la pandémie. Avec un souci : préserver les règles de la démocratie dans la gestion de cette crise ».

Vers une gestion citoyenne et solidaire

Cette cinquantaine de signataires vont plus loin en appelant à « sortir de réponses toutes faites », proposant même de « casser les barrières », « d’ouvrir les initiatives » et de « mobiliser l’énorme tissu associatif » ; bref de croire en l’intelligence collective et citoyenne des français en mettant au premier plan de cette riposte collective, « la solidarité ».

Pourquoi une telle réaction ?

C’est en fait un certain nombre d’effets ou de dommages collatéraux qui ont amené à signer cet appel : un maire décide, par arrêté communal, d’interdire de faire la bise et de se serrer la main au sein de la Mairie de sa commune, un directeur de banque prévoit pour la bonne marche de son entreprise d’exiger la vaccination de ses salariés et surtout des mesures dérogatoires aux libertés pour les détenus seraient en cours de préparation pour permettre au gouvernement d’adapter la procédure pénale par voie d’ordonnance en cas de pandémie.

Même si cela peut paraitre paradoxal, je me réjouis de voir que ce risque de pandémie de grippe A(H1N1) amène une forme d’espoir.
Je suis résolument positif, cet élan démocratique ne doit pas se limiter à la gestion du risque de cette pandémie mais doit perdurer et amener les citoyens à repenser la prise en charge de leur santé sans laisser aux seuls politiques et professionnels le droit de décider pour eux !

Cet appel a été déjà été signé par des médecins et chercheurs :

Françoise BARRé-SINOUSSI (Institut Pasteur de Paris, prix Nobel de médecine 2008), Willy ROZEMBAUM (hôpital Saint-Louis, AP-HP à Paris), Gilles PIALOUX (hôpital Tenon, AP-HP), Jean-Philippe DERENNE et André GRIMALDI (hôpital Pitié Salpêtrière, AP-HP), René FRYDMAN (hôpital Antoine-Béclère, AP-HP, à Clamart, Hauts-de-Seine), Bernard HOUSSET (CHI de Créteil), François AUBART (CH d’Eaubonne-Montmorency (Val d’Oise), président de la Coordination médicale hospitalière, CMH), Bernard REGNIER (hôpital Bichat, AP-HP), Didier TABUTEAU (responsable de la chaire santé de Sciences Po Paris), Didier SICARD (président d’honneur du Conseil consultatif national d’éthique, CCNE), Véronique FOURNIER (hôpital Cochin, AP-HP), Emmanuel HIRSCH (responsable de l’espace éthique à l’AP-HP), la psychologue et écrivain Marie de HENNEZEL.

Par des politiques et des syndicalistes : Martine AUBRY, Noël MAMÈRE, Cécile DUFLOT, Michèle RIVASI, Marie-George BUFFET, Olivier BESANCENOT, Jean-Marie LE GUEN, Delphine BATHO, Manuel VALLS, Aurélie FILIPPETTI, Jean-Paul HUCHON, Marisol TOURAINE, Arnaud MONTEBOURG, Jean-Louis BORIE (Syndicat des avocats de France), Emmanuel PERREUX (Syndicat de la magistrature, Antoine LAZARUS (Groupe information-prison), François CHÉRÈQUE (CFDT), Alain OLIVE (Unsa), Annick COUPÉ (Solidaires), Gérard ASCHIERI (FSU).

Par des responsables d’ONG et d’associations : Olivier BERNARD (Médecins du Monde), Marie-Pierre ALLIÉ (Médecins sans frontières), Rony BRAUMAN, Stefania PARIGI (Samu social), Patrick DOUTRELIGNE (Fondation Abbé-Pierre), Bruno SPIRE (AIDES), Christian SAOUT (Collectif des usagers de la santé), Christophe DELTOMB (Emmaüs), Claude RAMBAUD (le Lien), Elsa COHEN (Confédération des familles), Arnaud de BROCA (Association des accidentés de la vie), Claude Finkelstein ( Association de patients et ex-patients en psychiatrie)…

On vit une époque formidable : qui va payer le vaccin contre la grippe A ?

OFRTP-FRANCE-GRIPPE-VACCIN-20090715Alors que certains, comme Antoine Flahault, s’interroge sur son blog dans son billet « L’improbable vaccin pour tous » sur la bonne stratégie vaccinale à mener contre la pandémie de grippe A (H1N1) : stratégie de barrière épidémique ou stratégie de protection des personnes à risque, d’autres se posent une question beaucoup plus pragmatique : qui va payer !

Quelles conséquences économiques et sociales ?

Les conséquences de la pandémie grippale risquent d’être catastrophiques ; selon les projections faites à ce sujet, la France pourrait être confrontée à un choc sanitaire majeur aux conséquences économiques et sociales considérables : plus d’un million d’hospitalisations supplémentaires, plus de 10 millions de Français malades traités chez eux, la fermeture des écoles, la restriction des déplacements…

Toujours une histoire de gros sous

Face à cette situation, les pouvoirs publics répondent par histoire de gros sous alors que la situation amène à se poser de très nombreuses questions sur lesquelles le Parlement aura, pour beaucoup, à apporter des réponses et exercer son pouvoir.

« La gratuité du vaccin pas garantie »

Voilà la une de nombreux journaux ces dernières semaines reprenant les propos du ministère de la Santé qui ne sait pas « si le vaccin contre la grippe A sera gratuit ». La France a commandé plus de 90 millions de vaccins pour un montant qui serait de plus de 800 millions d’euros (le montant de ce marché est classé « secret défense »).

Que représente 800 millions d’euros face aux dépenses qu’aurait à faire face l’assurance maladie si des millions de français tombaient malades ?

Que représente 800 millions d’euros face aux conséquences économiques et sociales ?

Des réactions parfois surprenantes

Cette dépense de 800 millions d’euros devrait être partagée entre l’Etat et l’assurance-maladie à 50-50 mais soulève déjà réactions, parfois, à mes yeux, surprenantes : des parlementaires jugent l’adition trop salée, certains considèrent le coût par personne vaccinée très supérieur à celui du vaccin contre la grippe saisonnière suggérant une mauvaise négociation avec les laboratoires pharmaceutiques , d’autres critiquent la gestion des stocks et même les syndicats se mêlent à la polémique, pour le syndicat Force ouvrière ce n’est pas le rôle de l’assurance maladie de prendre en charge les dépenses exceptionnelles de l’État et la CGT affirme que le gouvernement dépense trop d’argent pour cette grippe A, au grand bénéfice des laboratoires pharmaceutiques (c’est tout juste si le grand capital et les multinationales pharmaceutiques ne sont pas responsables de l’émergence du virus de la grippe A (H1N1)…).

Même si ces dépenses qui, parce qu’elles pourraient permettre de sauver des vies et un cataclysme économique devraient être considérées, dans une certaine mesure, comme un investissement, sont a prendre en compte et à financer, je pense que les autorités, les politiques et toutes les parties prenantes devraient avoir un peu plus de discernement pour mettre la priorité de leur propos où elle se doit, à suivre…

Face à la pandémie de grippe A-H1N1: quelle stratégie vaccinale ?

DosH1N1[1]Alors que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) fait savoir, en ce début juin, que nous sommes sur le point de passer au niveau d’alerte : niveau 6 (le plus élevé) concernant la grippe A-H1N1 la polémique commence à se faire entendre sur la stratégie vaccinale.

Bien que, de façon quasi certaine, la grippe A-H1N1 devrait devenir incessamment la première pandémie du 21ème siècle, l’OMS ne se veut pas alarmiste mais s’interroge sur la capacité de chaque pays pour la prise en charge de cette pandémie.

Un enjeu pour l’Union européenne.

Les membres de l’Union européenne seront-ils capables de répondre d’une seule voix face à la pandémie ?

Vaccination universelle ou vaccination ciblée ?

Alors queDidier HOUSSIN,  Directeur de la Direction Générale de la Santé (DGS), a déclaré à Libération que la France proposerait probablement la vaccination contre ce nouveau virus à l’ensemble de la population, le député PS Jean-Marie LE GUEN s’insurgeait, dans le Journal du Dimanche, et marquait son hostilité au « tout-vaccin ».

La vaccination universelle est-elle réaliste ?

A supposer qu’une dose suffise (et non deux comme beaucoup le préconisent, le nombre de doses nécessaires pour une telle opération s’élèverait à six milliards ; au rythme moyen de production actuel, quatre ans seraient nécessaires ! La vaccination universelle n’étant pas réaliste, il faudra privilégier des vaccinations sur des groupes ciblés. Antoine FLAHAUT, Directeur de l’Ecole des hautes études en santé publique pose le problème sur son blog : « Pandémie de grippe, vacciner tout le monde : est-ce possible, est-ce nécessaire ? » considère que, selon leurs modèles de simulation, 30% de couverture vaccinale aurait déjà une efficacité considérable, mais à la condition que cette couverture soit mondiale (et pas seulement dans les pays développés).

La solidarité au chevet de la vaccination ?

Il sera donc nécessaire d’être solidaire entre les Etats qui disposeraient de doses supplémentaires et ceux qui seront en pénurie.
Mais avant cela, il sera d’abord indispensable de mettre au point un vaccin et de le produire en quantité…


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