Un volumineux rapport de 275 pages vient d’être publié par l’Institut de veille sanitaire sur l’évolution de la mortalité par cancer en France de 1950 à 2006.
Les données de mortalité par cancer en France sont présentées pour chaque année de 1950 à 2006, et les évolutions de la mortalité et de l’incidence sont comparées entre 1980 et 2005.
Des différences de localisation entre 1950 et 2006
En 1950, chez l’homme, le cancer de l’estomac était la première cause de mortalité par cancer, suivi par les cancers des voies aérodigestives supérieures et par le cancer de l’intestin (côlon, rectum ou grêle). En 2006, chez l’homme, le cancer du poumon est de très loin le plus fréquent, suivi à égalité par le cancer de l’intestin, le cancer des VADS et le cancer de la prostate.
Chez la femme, en 1950, le cancer de l’intestin était aussi fréquent que le cancer de l’estomac, et le cancer du sein était moins fréquent que ces deux cancers. Chez la femme, en 2006, le cancer du sein est de très loin le plus fréquent, suivi par le cancer du poumon et le cancer de l’intestin.
La mortalité tous cancers en baisse, des différences en fonctions des localisations
Chez les hommes, la mortalité tous cancers est passée de 309 à 243 pour 100 000, ce qui représente une diminution de 66 pour 100 000. Depuis 1989, chez l’homme, la mortalité par cancer diminue de 1,5 % par an. Cette diminution résulte surtout de la baisse de la mortalité par cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS), de la prostate, du poumon, de l’intestin et de l’estomac, et s’observe malgré l’augmentation de la mortalité par cancer du foie, de la peau et du pancréas.
Chez les femmes, la mortalité tous cancers est passée de 134 à 120 pour 100 000, ce qui représente une diminution de 14 pour 100 000. La mortalité diminue depuis 1963, et plus rapidement de 0,7 % par an depuis 1989. Cette diminution résulte surtout de la baisse de la mortalité par cancer de l’intestin, du sein, de l’estomac et de l’utérus, et s’observe malgré l’augmentation de la mortalité par cancer du poumon, du pancréas et de la peau.
Incidence et mortalité : deux indicateurs indispensables pour comprendre l’évolution de la maladie
L’incidence dépend beaucoup des pratiques diagnostiques : si on fait plus d’examens diagnostiques ou si les examens deviennent plus performants, on décèle un plus grand nombre de cas. La mortalité est moins dépendante de ces pratiques.
L’incidence ne dépend pas des progrès thérapeutiques, la mortalité en dépend, elle diminue si les traitements sont plus efficaces. Les liens entre les pratiques diagnostiques et la survie après diagnostic sont complexes.
Les évolutions de l’incidence et de la mortalité ne concordent pas toujours
En particulier l’incidence augmente et la mortalité diminue, au moins dans les années récentes, pour la prostate, le testicule, le sein, la thyroïde et l’encéphale et, seulement chez les femmes, pour les VADS. Pour la prostate, le sein et la thyroïde, l’augmentation de l’incidence résulte des changements de pratiques diagnostiques. La diminution de la mortalité par cancer du sein est expliquée par la généralisation du dépistage par mammographie, dont l’efficacité pour réduire la mortalité a été démontrée. L’augmentation de l’incidence du cancer de la thyroïde est limitée aux cancers papillaires dont la mortalité est très faible.
Des chiffres, des chiffres…
Ce rapport peut sembler un peu aride à la lecture mais « photographie » de façon précise la mortalité par cancer en France de façon dynamique de 1950 à 2006. A d’autres maintenant de relever les manches et d’essayer d’expliquer ces évolutions : amélioration des méthodes diagnostic, des thérapeutique, campagne de dépistage, place de l’environnement, modification du mode de vie et de l’alimentation…
Commentaires récents