Archive pour septembre 2009

Le Leem se lache sur le Web 2.0

Bernard MEDDOCLe très sérieux Leem (Les entreprises du médicament), syndicat professionnel de l’industrie pharmaceutique vient de lancer une campagne décalée et humoristique en la personne même de Bernard MEDDOC.

Bernard MEDDOC, au secours de l’industrie pharmaceutique

Enfin le Leem change de posture et souhaite rencontrer un nouveau public avec un certain Bernard MEDDOC.

Avec une série de spots vidéos de ce personnage fictif qui n’est pas sans rappeler un autre Bernard M…, new-yorkais et escroc célèbre dans le domaine de la finance, le Leem accepte de rentrer dans la caricature.

Que se cache derrière cet imposteur?

Derrière cette caricature, ces vidéos concluent par le message : « le médicament n’est pas un produit comme les autres » et invitent les internautes à débattre sur le blog . « le médicament parlons en ! Peut-on faire confiance au médicament ».

Bernard MEDDOC au travers de son Bernard Meddoc Institute n’est là que pour nous rappeler de façon humoristique une certaine vision de la responsabilité, de la crédibilité et de l’innovation liée au médicament.

Mais alors pourquoi?

De la provocation ? De l’audace ? Du courage ?
Non, le Leem inaugure tout simplement le ton de sa 4ème édition de sa Semaine du dialogue qui aura lieu du 12 au 22 octobre, sur le thème un brin provocateur « Peut-on faire confiance au médicament »

Les vidéos:

Bernard Meddoc Institute : L’innovation… innovante!

Bernard Meddoc Institute : La responsabilité… responsable!

Bernard Meddoc Institute : La crédibilité… crédible !

CAPI, c’est fini ou non… ?

CnomDans un précédent billet, « Le paiement à l’acte remis en cause: vers une évolution de la rémunération des médecins libéraux… », j’évoquais l’impact des CAPI (Contrat d’Amélioration des Pratiques Individuelles) sur la rémunération des médecins libéraux. Dans ce post, j’évoquais aussi la réaction inhabituelle du Conseil National de l’Ordre des médecins (CNOM) qui s’était même fendu d’un communiqué de presse, « CAPI, le NON du CNOM : Tels qu’ils sont, ils contreviennent à la déontologie ».

Un recours au Conseil d’Etat

Aujourd’hui, une nouvelle étape est franchie entre le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) et l’Assurance-maladie ; en effet, le CNOM vient d’annoncer le dépôt prochain d’un recours devant le Conseil d’Etat en annulation de la décision de l’UNCAM (Union nationale des caisses d’assurance-maladie) instituant les CAPI.

Contraire à la déontologie

Pour le CNOM, l’instauration de ces CAPI s’avère contraire à la déontologie comme à l’égalité entre médecins. De plus, le CNOM n’apprécie guère que l’UNCAM demande aux médecins de ne pas communiquer à l’Ordre les contrats qu’ils signeraient et considère que le patient qui vient consulter doit repartir avec une prescription prise en fonction de la pathologie et non en fonction de l’intéressement individuel et financier du médecin. Pour le moment, l’Assurance maladie réplique qu’elle ne comprend pas la démarche du CNOM considérant que le choix des traitements est toujours fait dans l’intérêt médical du patient… et non dans celui de la bourse du médecin !

Le torchon brûle

Comme l’écrit Le Parisien « le torchon brûle » entre le Conseil National de l’Ordre des médecins et l’Assurance-maladie.

Alors CAPI, c’est fini ou non… ? Encore une fois, à suivre…

La pandémie de grippe A(H1N1) révélatrice d’une soif de démocratie

solidarite« Nous, politiques, syndicalistes, chercheurs, médecins, associatifs, tous signataires de l’appel, demandons aux pouvoirs publics d’ouvrir au plus vite le débat.
La lutte contre la pandémie de grippe A ne pourra se résumer à une seule réponse technique, agrémentée de choix individuels. Elle doit être une réponse collective… »

Telles sont les premières phrases d’un appel « Notre souci : préserver la démocratie » lancé ce jour par le quotidien Libération et signé par une cinquantaine de personnes qui réclament une gestion démocratique de la pandémie de grippe A(H1N1).

Les pandémies : reflet de notre société…

Un effet inattendu de la pandémie de grippe A(H1N1) est de révéler des facettes de notre société.
L’appel poursuit ainsi : « …Quelle que soit la force de la pandémie, ce sont les plus démunis, les plus isolés, les plus fragiles qui se retrouveront sans défense face à ce virus. Les pandémies ont toujours agi comme un reflet des trous noirs d’une société. Des enjeux éthiques importants peuvent se poser brutalement, mettant en danger les libertés de chacun… ».

Préserver les règles de la démocratie

La préparation et la gestion de la pandémie de grippe A(H1N1) ne peut se limiter à la question du « vaccin, des stocks d’antiviraux, des gestes barrières ». « Les décisions ne doivent pas être prises dans un cénacle d’experts. Le débat doit s’ouvrir sur les enjeux humains et sociétaux des stratégies de lutte contre la pandémie. Avec un souci : préserver les règles de la démocratie dans la gestion de cette crise ».

Vers une gestion citoyenne et solidaire

Cette cinquantaine de signataires vont plus loin en appelant à « sortir de réponses toutes faites », proposant même de « casser les barrières », « d’ouvrir les initiatives » et de « mobiliser l’énorme tissu associatif » ; bref de croire en l’intelligence collective et citoyenne des français en mettant au premier plan de cette riposte collective, « la solidarité ».

Pourquoi une telle réaction ?

C’est en fait un certain nombre d’effets ou de dommages collatéraux qui ont amené à signer cet appel : un maire décide, par arrêté communal, d’interdire de faire la bise et de se serrer la main au sein de la Mairie de sa commune, un directeur de banque prévoit pour la bonne marche de son entreprise d’exiger la vaccination de ses salariés et surtout des mesures dérogatoires aux libertés pour les détenus seraient en cours de préparation pour permettre au gouvernement d’adapter la procédure pénale par voie d’ordonnance en cas de pandémie.

Même si cela peut paraitre paradoxal, je me réjouis de voir que ce risque de pandémie de grippe A(H1N1) amène une forme d’espoir.
Je suis résolument positif, cet élan démocratique ne doit pas se limiter à la gestion du risque de cette pandémie mais doit perdurer et amener les citoyens à repenser la prise en charge de leur santé sans laisser aux seuls politiques et professionnels le droit de décider pour eux !

Cet appel a été déjà été signé par des médecins et chercheurs :

Françoise BARRé-SINOUSSI (Institut Pasteur de Paris, prix Nobel de médecine 2008), Willy ROZEMBAUM (hôpital Saint-Louis, AP-HP à Paris), Gilles PIALOUX (hôpital Tenon, AP-HP), Jean-Philippe DERENNE et André GRIMALDI (hôpital Pitié Salpêtrière, AP-HP), René FRYDMAN (hôpital Antoine-Béclère, AP-HP, à Clamart, Hauts-de-Seine), Bernard HOUSSET (CHI de Créteil), François AUBART (CH d’Eaubonne-Montmorency (Val d’Oise), président de la Coordination médicale hospitalière, CMH), Bernard REGNIER (hôpital Bichat, AP-HP), Didier TABUTEAU (responsable de la chaire santé de Sciences Po Paris), Didier SICARD (président d’honneur du Conseil consultatif national d’éthique, CCNE), Véronique FOURNIER (hôpital Cochin, AP-HP), Emmanuel HIRSCH (responsable de l’espace éthique à l’AP-HP), la psychologue et écrivain Marie de HENNEZEL.

Par des politiques et des syndicalistes : Martine AUBRY, Noël MAMÈRE, Cécile DUFLOT, Michèle RIVASI, Marie-George BUFFET, Olivier BESANCENOT, Jean-Marie LE GUEN, Delphine BATHO, Manuel VALLS, Aurélie FILIPPETTI, Jean-Paul HUCHON, Marisol TOURAINE, Arnaud MONTEBOURG, Jean-Louis BORIE (Syndicat des avocats de France), Emmanuel PERREUX (Syndicat de la magistrature, Antoine LAZARUS (Groupe information-prison), François CHÉRÈQUE (CFDT), Alain OLIVE (Unsa), Annick COUPÉ (Solidaires), Gérard ASCHIERI (FSU).

Par des responsables d’ONG et d’associations : Olivier BERNARD (Médecins du Monde), Marie-Pierre ALLIÉ (Médecins sans frontières), Rony BRAUMAN, Stefania PARIGI (Samu social), Patrick DOUTRELIGNE (Fondation Abbé-Pierre), Bruno SPIRE (AIDES), Christian SAOUT (Collectif des usagers de la santé), Christophe DELTOMB (Emmaüs), Claude RAMBAUD (le Lien), Elsa COHEN (Confédération des familles), Arnaud de BROCA (Association des accidentés de la vie), Claude Finkelstein ( Association de patients et ex-patients en psychiatrie)…

Le paiement à l’acte remis en cause : vers une évolution de la rémunération des médecins libéraux…

CAPI

Depuis le 21 avril  2009, le CAPI est proposé aux praticiens libéraux.

Qu’est ce que le CAPI ?

Derrière l’acronyme CAPI se cache le Contrat d’Amélioration des Pratiques Individuelles, une des dernières innovations de l’assurance maladie qui le présente comme un véritable « élément d’une stratégie d’efficience », allant même jusqu’à le qualifier de « révolution dans les relations conventionnelles».

Une idée astucieuse

En proposant aux médecins libéraux de signer ce contrat, l’assurance maladie introduit une part variable de rémunération en fonction de l’atteinte de certains objectifs.
Sur le papier, ces objectifs sont louables : prévention, suivi des patients atteints de maladie chroniques, prescription de générique, etc. Les caisses mesuraient déjà, à leur manière, la performance avant de retourner l’information aux professionnels notamment au travers de leurs délégués de l’assurance maladie (D.A.M.) considérant qu’il s’agissait déjà d’un levier pour faire évoluer les pratiques.
Avec le CAPI, c’est-à-dire une rémunération au résultat, l’assurance maladie se dote d’un nouveau levier avec ce système qui s’inspire de certaines expériences étrangères qui auraient montré une certaine efficace dans des contextes différents.

Une part variable importante ?

Le revenu moyen d’un médecin généraliste est estimé à 5.750 euros brut par mois (69.000 euros brut par an) avec, certes, des écarts importants d’un médecin à l’autre. Un praticien qui atteindrait les objectifs fixés, pourrait percevoir une rémunération supplémentaire annuelle de l’ordre de 5.000 à 6.000 euros, soit 7 à 9% de son revenu annuel, ce qui est loin d’être négligeable…

Quelles réactions des professionnels ?

Le CAPI a été décrié et vilipendé dès l’annonce de sa création. Tous les syndicats de médecins ont tiré à boulets rouges sur ce projet dénonçant outre la complexité du système, véritable « usine à gaz », le risque de conflit d’intérêt, de tri sélectif des patients, etc.

L’Ordre des médecins (CNOM), rarement à la pointe de la contestation, est même sortie de sa réserve habituelle en jugeant contraires à la déontologie les clauses et contrat d’intéressements pour un médecin. Le CNOM s’est même fendu d’un communiqué de presse, « CAPI » : Le NON du CNOM : Tels qu’ils sont, ils contreviennent à la déontologie.

Fait rarissime, une polémique est même née entre le CNOM et l’Assurance maladie afin de savoir si les médecins conseil de la CNAM étaient, ou non, intéressés financièrement à la signature des CAPI (on imagine déjà les médecins conseils avec des bonus annuels de traders). Frédéric Van Roekeghem, Directeur général et Hubert Allemand, Médecin Conseil National de la CNAM ont du écrire une lettre au CNOM et la rendre publique, afin de faire taire la polémique.

Le Leem (Les entreprises du médicament), syndicat professionnel de l’industrie pharmaceutique, n’est pas non plus le dernier à contester, non pas le volet prévention auquel il adhère mais, le volet prescription s’inquiétant de voir les médecins tourner le dos à l’innovation thérapeutique en les amenant à faire le choix entre le prix d’un médicament et son effet thérapeutique !

Alors, combien de signatures ?

La CNAM envisageait 4.000 à 5.000 signatures de CAPI avant la fin de l’année, début septembre plus de 8.000 médecins généralistes l’avaient déjà signé… si bien que devant ce succès l’assurance maladie a revu à la hausse ses objectifs et tablerait aujourd’hui sur plus de 10.000 contrats signés avant  la fin de l’année.

Inquiétude des syndicats professionnels

Les syndicats professionnels ont bien des raisons d’être inquiets. D’abord les médecins n’ont pas suivi leurs consignes qui étaient ne pas signer ; de plus, les CAPI sont des contrats individuels signés directement entre le médecin généraliste et la CPAM et ces contrats individuels pourraient être les prémisses d’un conventionnement individuel, et non plus collectif comme il l’est actuellement. Quel serait alors le rôle de ces syndicats ?

Et la suite ?

La création d’une part variable de la rémunération, même sur des critères de performance, pourrait être au détriment de la revalorisation du « C », coût de la consultation (aujourd’hui 22 euros). Le CAPI ouvre une brèche dans le sacro-saint et unique paiement à l’acte et pourrait même introduire un troisième mode de rémunération : le forfait (ou capitation), c’est-à-dire un forfait attribué au médecin pour la prise en charge d’un patient (ou d’une pathologie).

Si cela était le cas, les médecins libéraux auraient un schéma de rémunération à trois niveaux : forfaitaire, à l’acte et à la performance, une vraie révolution qui n’est pas encore faite mais qui est en bonne voie… à suivre.

Bientôt une AMM pour le chocolat ?

chocolatAprès la trêve estivale, autorisez moi à recommencer par un billet « léger », mais plein d’espoir, dans l’attente des fêtes de Noël.

Le très sérieux Journal of Internal Medicine a publié sous le titreChocolate consumption and mortality following a first acute myocardial infarction: the Stockholm Heart Epidemiology Program les résultats d’une étude sur le suivi de 1.169 patients non-diabétiques hospitalisés pour un infarctus du myocarde confirmé entre 1992 et 1994 à Stockholm. Au cours de leur hospitalisation, des médecins leur ont remis un questionnaire afin de mesurer leur consommation de chocolat au cours de l’année précédente.

Pendant huit ans…

Ces 1.169 patients ont été revus trois mois plus tard après leur sortie d’hospitalisation puis suivis pendant huit ans afin de connaitre toute nouvelle hospitalisation et, grâce aux registres nationaux, tout décès.

Quel ne fut pas la bonne surprise de constater que plus les patients étaient consommateur de chocolat moins le taux de mortalité était important.

Une fois, deux fois par semaine, plus…

Consommer du chocolat une fois, deux fois ou plus par semaine, permettait de réduire significativement le risque de décès par rapport à ceux qui n’en mangeaient jamais ; et ce, bien sûr après ajustement avec les autres facteurs de risque.

Du chocolat oui, des bonbons non !

Pour ceux qui n’aiment pas le chocolat, malheureusement cette effet bénéfique ne se retrouve pas avec la consommation d’autres sucreries.

Cette étude confirme les résultats d’autres études qui avaient déjà mis en évidence la richesse du chocolat en substances bioactives bénéfiques.

Pour quand la prescription médicale ?

Je vois déjà certains attendre que le chocolat soit reconnu comme un médicaments et, pourquoi pas, être rembourser par la Sécurité Sociale mais pour cela il faudrait réaliser bien d’autres études, de façon prospective et sur un nombre bien plus importants de sujets.

Sans modération

Ne rêvons pas… mais continuons à consommer sans modération du chocolat en faisant quand même attention à la contrefaçon.

Référence: Chocolate consumption and mortality following a first acute myocardial infarction: the Stockholm Heart Epidemiology ProgramJournal of Internal Medicine, vol.266, n°3, pp.248-257


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