« Nous, politiques, syndicalistes, chercheurs, médecins, associatifs, tous signataires de l’appel, demandons aux pouvoirs publics d’ouvrir au plus vite le débat.
La lutte contre la pandémie de grippe A ne pourra se résumer à une seule réponse technique, agrémentée de choix individuels. Elle doit être une réponse collective… »
Telles sont les premières phrases d’un appel « Notre souci : préserver la démocratie » lancé ce jour par le quotidien Libération et signé par une cinquantaine de personnes qui réclament une gestion démocratique de la pandémie de grippe A(H1N1).
Les pandémies : reflet de notre société…
Un effet inattendu de la pandémie de grippe A(H1N1) est de révéler des facettes de notre société.
L’appel poursuit ainsi : « …Quelle que soit la force de la pandémie, ce sont les plus démunis, les plus isolés, les plus fragiles qui se retrouveront sans défense face à ce virus. Les pandémies ont toujours agi comme un reflet des trous noirs d’une société. Des enjeux éthiques importants peuvent se poser brutalement, mettant en danger les libertés de chacun… ».
Préserver les règles de la démocratie
La préparation et la gestion de la pandémie de grippe A(H1N1) ne peut se limiter à la question du « vaccin, des stocks d’antiviraux, des gestes barrières ». « Les décisions ne doivent pas être prises dans un cénacle d’experts. Le débat doit s’ouvrir sur les enjeux humains et sociétaux des stratégies de lutte contre la pandémie. Avec un souci : préserver les règles de la démocratie dans la gestion de cette crise ».
Vers une gestion citoyenne et solidaire
Cette cinquantaine de signataires vont plus loin en appelant à « sortir de réponses toutes faites », proposant même de « casser les barrières », « d’ouvrir les initiatives » et de « mobiliser l’énorme tissu associatif » ; bref de croire en l’intelligence collective et citoyenne des français en mettant au premier plan de cette riposte collective, « la solidarité ».
Pourquoi une telle réaction ?
C’est en fait un certain nombre d’effets ou de dommages collatéraux qui ont amené à signer cet appel : un maire décide, par arrêté communal, d’interdire de faire la bise et de se serrer la main au sein de la Mairie de sa commune, un directeur de banque prévoit pour la bonne marche de son entreprise d’exiger la vaccination de ses salariés et surtout des mesures dérogatoires aux libertés pour les détenus seraient en cours de préparation pour permettre au gouvernement d’adapter la procédure pénale par voie d’ordonnance en cas de pandémie.
Même si cela peut paraitre paradoxal, je me réjouis de voir que ce risque de pandémie de grippe A(H1N1) amène une forme d’espoir.
Je suis résolument positif, cet élan démocratique ne doit pas se limiter à la gestion du risque de cette pandémie mais doit perdurer et amener les citoyens à repenser la prise en charge de leur santé sans laisser aux seuls politiques et professionnels le droit de décider pour eux !
Cet appel a été déjà été signé par des médecins et chercheurs :
Françoise BARRé-SINOUSSI (Institut Pasteur de Paris, prix Nobel de médecine 2008), Willy ROZEMBAUM (hôpital Saint-Louis, AP-HP à Paris), Gilles PIALOUX (hôpital Tenon, AP-HP), Jean-Philippe DERENNE et André GRIMALDI (hôpital Pitié Salpêtrière, AP-HP), René FRYDMAN (hôpital Antoine-Béclère, AP-HP, à Clamart, Hauts-de-Seine), Bernard HOUSSET (CHI de Créteil), François AUBART (CH d’Eaubonne-Montmorency (Val d’Oise), président de la Coordination médicale hospitalière, CMH), Bernard REGNIER (hôpital Bichat, AP-HP), Didier TABUTEAU (responsable de la chaire santé de Sciences Po Paris), Didier SICARD (président d’honneur du Conseil consultatif national d’éthique, CCNE), Véronique FOURNIER (hôpital Cochin, AP-HP), Emmanuel HIRSCH (responsable de l’espace éthique à l’AP-HP), la psychologue et écrivain Marie de HENNEZEL.
Par des politiques et des syndicalistes : Martine AUBRY, Noël MAMÈRE, Cécile DUFLOT, Michèle RIVASI, Marie-George BUFFET, Olivier BESANCENOT, Jean-Marie LE GUEN, Delphine BATHO, Manuel VALLS, Aurélie FILIPPETTI, Jean-Paul HUCHON, Marisol TOURAINE, Arnaud MONTEBOURG, Jean-Louis BORIE (Syndicat des avocats de France), Emmanuel PERREUX (Syndicat de la magistrature, Antoine LAZARUS (Groupe information-prison), François CHÉRÈQUE (CFDT), Alain OLIVE (Unsa), Annick COUPÉ (Solidaires), Gérard ASCHIERI (FSU).
Par des responsables d’ONG et d’associations : Olivier BERNARD (Médecins du Monde), Marie-Pierre ALLIÉ (Médecins sans frontières), Rony BRAUMAN, Stefania PARIGI (Samu social), Patrick DOUTRELIGNE (Fondation Abbé-Pierre), Bruno SPIRE (AIDES), Christian SAOUT (Collectif des usagers de la santé), Christophe DELTOMB (Emmaüs), Claude RAMBAUD (le Lien), Elsa COHEN (Confédération des familles), Arnaud de BROCA (Association des accidentés de la vie), Claude Finkelstein ( Association de patients et ex-patients en psychiatrie)…
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