Archive pour juillet 2009

Je rejoins ce jour le réseau Kiwis, le cercle des blogeurs disparus

KiwisQuel plaisir, je rejoins ce jour le réseau « Kiwis, le cercle des blogueurs disparus » ; pour tout vous dire, je devrais dire que je suis assez fier de ma cooptation et, encore plus, d’être passé sous les fourches caudines du comité de sélection…;-)…

Mais il est vrai que les valeurs de la charte de Kiwis sont les miennes : originalité, esprit critique, qualité, humour, pertinence, indépendance, intérêt pour le politique, tolérance…

Kiwis est un « cercle de blogueurs indépendants et d’opinions diverses qui ont décidé de se réunir autour de quelques valeurs et principes » et dont l’objectif est de « fournir aux lecteurs un panel de blogs que nous (Kiwis) pensons être de qualité et de favoriser le débat, le dialogue et l’échange ».

Faire de la politique, ce n’est pas seulement commenter les petites phrases politiciennes ; faire de la politique, c’est aussi, et avant tout, s’intéresser à la vie de la Cité, à prendre bien évidemment dans son sens philosophique développé sous la Grèce Antique et repris sous les Lumières. Alors, que ces blogs fédérés par Kiwsi s’intéressent à la vie de la Cité et contribuent, même modestement, au développement de nouveaux modèles politiques et sociaux pour une société que nous aspirons tous à être meilleure, plus juste et plus humaniste.

On vit une époque formidable : qui va payer le vaccin contre la grippe A ?

OFRTP-FRANCE-GRIPPE-VACCIN-20090715Alors que certains, comme Antoine Flahault, s’interroge sur son blog dans son billet « L’improbable vaccin pour tous » sur la bonne stratégie vaccinale à mener contre la pandémie de grippe A (H1N1) : stratégie de barrière épidémique ou stratégie de protection des personnes à risque, d’autres se posent une question beaucoup plus pragmatique : qui va payer !

Quelles conséquences économiques et sociales ?

Les conséquences de la pandémie grippale risquent d’être catastrophiques ; selon les projections faites à ce sujet, la France pourrait être confrontée à un choc sanitaire majeur aux conséquences économiques et sociales considérables : plus d’un million d’hospitalisations supplémentaires, plus de 10 millions de Français malades traités chez eux, la fermeture des écoles, la restriction des déplacements…

Toujours une histoire de gros sous

Face à cette situation, les pouvoirs publics répondent par histoire de gros sous alors que la situation amène à se poser de très nombreuses questions sur lesquelles le Parlement aura, pour beaucoup, à apporter des réponses et exercer son pouvoir.

« La gratuité du vaccin pas garantie »

Voilà la une de nombreux journaux ces dernières semaines reprenant les propos du ministère de la Santé qui ne sait pas « si le vaccin contre la grippe A sera gratuit ». La France a commandé plus de 90 millions de vaccins pour un montant qui serait de plus de 800 millions d’euros (le montant de ce marché est classé « secret défense »).

Que représente 800 millions d’euros face aux dépenses qu’aurait à faire face l’assurance maladie si des millions de français tombaient malades ?

Que représente 800 millions d’euros face aux conséquences économiques et sociales ?

Des réactions parfois surprenantes

Cette dépense de 800 millions d’euros devrait être partagée entre l’Etat et l’assurance-maladie à 50-50 mais soulève déjà réactions, parfois, à mes yeux, surprenantes : des parlementaires jugent l’adition trop salée, certains considèrent le coût par personne vaccinée très supérieur à celui du vaccin contre la grippe saisonnière suggérant une mauvaise négociation avec les laboratoires pharmaceutiques , d’autres critiquent la gestion des stocks et même les syndicats se mêlent à la polémique, pour le syndicat Force ouvrière ce n’est pas le rôle de l’assurance maladie de prendre en charge les dépenses exceptionnelles de l’État et la CGT affirme que le gouvernement dépense trop d’argent pour cette grippe A, au grand bénéfice des laboratoires pharmaceutiques (c’est tout juste si le grand capital et les multinationales pharmaceutiques ne sont pas responsables de l’émergence du virus de la grippe A (H1N1)…).

Même si ces dépenses qui, parce qu’elles pourraient permettre de sauver des vies et un cataclysme économique devraient être considérées, dans une certaine mesure, comme un investissement, sont a prendre en compte et à financer, je pense que les autorités, les politiques et toutes les parties prenantes devraient avoir un peu plus de discernement pour mettre la priorité de leur propos où elle se doit, à suivre…

Alors pour la santé, on dépense ou on investit… ???

moléculeCertains trouveront cela curieux, de façon simultanée la Caisse Nationale d’Assurance Maladie CNAM fait part de ses premières pistes pour réduire les dépenses afin d’éclairer, comme chaque été, le gouvernement dans la préparation du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) et de l’autre Valérie Pécresse, actuelle ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche les trois axes de recherche prioritaires identifiés, dont le premier est : la santé….

L’assurance-maladie préconise 25 mesures pour économiser 2 milliards d’euros en 2010

Même si cela n’empêchera pas le déficit de se creuser, l’assurance-maladie propose des mesures pour freiner les dépenses de médicaments, de dialyse pour les insuffisants rénaux, de transport sanitaire, la rémunération des médecins libéraux, les indemnités journalières versées en compensation des arrêts de travail, pour les établissements de santé rapprocher les tarifs entre le secteur public et privé pour des prestations comparables, développer la chirurgie ambulatoire, développer les services de retour à domicile (kiné, aide ménagère…) pour réduire les hospitalisations en moyen séjour… un vrai inventaire à la Prévert mais sans raton laveur…

La stratégie nationale de recherche et d’innovation : 3 priorités de recherche à 4 ans

Pendant plus de six mois, 600 personnalités d’horizons divers ont mené une réflexion en vue de définir la stratégie nationale de recherche et d’innovation. Valérie Pécresse a présenté les trois axes de recherche prioritaires identifiés, à savoir la santé, l’environnement et les technologies de l’information. Pour la santé, il s’agit de répondre aux attentes particulièrement fortes des Français sur ce sujet, d’anticiper et de faire face à l’apparition de nouveaux enjeux (vieillissement de la population, maladies infectieuses…), et de développer le tissu industriel dans ce domaine. Ces priorités de recherche tiennent compte des enjeux de connaissance (c’est le but premier de la recherche), des enjeux de société et des enjeux économiques ; investir dans la santé, c’est aussi développer un tissu industriel notamment dans le domaine des thérapies pour les maladies neurodégénératives, pour les services à la personne, grâce à des partenariats public-privé, en développant des technologies et des services innovants et adaptés pour l’aide à l’autonomie des personnes dépendantes (handicapés, personnes âgées).

Dépenses et investissements dans la santé : un paradoxe ?

Une première analyse rapide pourrait amener à penser que c’est un paradoxe mais la santé est peut-être une chance pour les états, et en particulier l’état français. Pour la santé, la demande sociétale est forte et d’autant plus exigeante que la population est vieillissante : comprendre et prendre en charge le développement des maladies liées à l’âge, tenir compte des attentes fortes en matière de bien être et de qualité de vie, juguler l’émergence de maladies infectieuses et garder une indépendance sanitaire…

janus

Tel Janus, la santé a 2 visages…

Dépenses et investissements, passé et avenir, nous avons comme Janus deux visages opposés et nos regards ne peuvent (ou ne veulent) jamais se croiser lorsque l’on parle de santé. Je reste persuadé que la santé est, certes, génératrices de dépenses, mais aussi, une superbe opportunité de développement et de croissance économique pour notre pays. A nous de mettre le curseur au bon endroit et de ne pas nous laisser dépasser par d’autres pays qui ont compris cela depuis longtemps…

Barack Obama pour des choix de santé abordables

ObamaHealthCareMichael Moor doit sourire, lui qui, dans son film documentaire SiCKO sorti en 2007, avait comparé le système de santé  des États-Unis, à ceux du Canada, de la Grande-Bretagne, de la France et de Cuba. Ce documentaire voulait dénoncer le système de santé des Américains comme trop inhumain et trop lié aux services privés et aux compagnies d’assurance.

Plus de 45 millions d’Américains sans couverture santé

Les dépenses de santé aux Etats-Unis représentent ‘équivalent de 16 % de leur PIB et au rythme actuel, ces dépenses pourraient atteindre 20 % du PIB en 2020 (pour mémoire, il est de 10 % en Allemagne et de 11,1 % en France).

Une assurance médicale privée à 80%

L’assurance médicale est, aux Etats-Unis, privée à 80 %. Seuls les retraités ayant cotisé (Medicare), les handicapés, les anciens combattants et les très faibles revenus (Medicaid) sont assurés par le secteur public mais la dette cumulée de Medicare atteint déjà plus de 2.000 milliards de dollars.

Près de 50 millions d’Américains sans assurance maladie

En 2008, c’était plus de 45 millions d’Américains qui n’étaient pas assurés, aujourd’hui ce serait près de 50 millions d’Américains, soit 16,5 % de la population.

Une réforme de la couverture médicale est déposée au Congrès américain

Tous les Américains devraient peut-être avoir bientôt une assurance-maladie. La promesse de campagne de Barack Obama commence à prendre réalité avec le projet de réforme qui a été soumis au Sénat et qui s’intitule « Loi sur des choix de santé abordables ». L’objectif n’est pas de créer une couverture de santé universelle mais d’offrir aux Américains le choix entre différentes options et d’élargir la couverture santé aux 46 millions d’Américains de moins de 65 ans qui n’ont pas d’assurance privée et qui ne sont pas couverts par les programmes existants (Medicare et Medicaid).

Les laboratoires pharmaceutiques vont passer à la caisse

Au décours d’une rencontre entre des représentants de l’industrie pharmaceutique et le Président Obama, Billy Tauzin, Président de PhRMA, a révélé que les laboratoires avaient déjà accepté de contribuer à la réforme à hauteur de 80 milliards de dollars, en travaillant notamment sur les coûts des médicaments.

Une réforme au pas de charge

Le Président Obama se souvient probablement de l’échec de sa secrétaire d’Etat, Hillary Clinton qui, lorsqu’elle était première dame des Etats-Unis dans les années 1990, avait tenté d’imposer une réforme de la santé. Le Président souhaiterait boucler la réforme pour octobre avec un coût estimé de 1.000 milliards de dollars sur dix ans… et on critique notre bonne vieille Frenchie de sécu !
Une réforme gigantesque que je vais suivre de près.

Etudes de coûts par pathologie entre l’Allemagne, l’Australie, le Canada, la France et les Pays-Bas : des similitudes mais aussi des différences !

Couts santé

L’IRDES (institut de recherche et de documentation en économie de la santé) vient de publier « Etudes de coûts par pathologie : une comparaison méthodologique entre cinq pays ».

Comptes de santé dans les cinq pays étudiés : Allemagne, Australie, Canada, France et Pays-bas

La durabilité (ou soutenabilité) économique du financement des dépenses de santé confrontées à une croissance continue amène la plupart des pays à élaborer des Comptes nationaux de la santé qui permettent d’évaluer la dépenses globale dédiée à la santé, de suivre son évolution et d’en analyser les sources de financement et la répartition par secteur de production ; ces comptes permettent aussi de comparer les dépenses de santé entre pays.

Un intérêt de plus en plus marqué pour les études de coûts par pathologie

Cette approche médicalisée des comptes permet de répartir les dépenses par grande catégorie de diagnostics et d’analyser leur mode de prise en charge.
Ces cinq pays présentent un certain nombre d’options méthodologiques communes qui autorisent ce travail de comparaison mais aussi des divergences importantes qui peuvent biaiser la comparabilité.

Des tendances communes…

Dans les cinq pays étudiés, trois groupes de pathologies prédominent et occasionnent les coûts les plus importants : les maladies cardiovasculaires les maladies digestives et les troubles mentaux.

… des différences significatives

En Allemagne par exemple, les maladies de l’appareil circulatoire et les maladies du système ostéo-articulaire et des muscles occasionnent des coûts significativement plus élevés que dans les autres pays ; il en est de même pour les maladies de l’appareil respiratoire en Australie et pour les troubles mentaux aux Pays-Bas.

Des différences à comprendre ou à expliquer

Ces écarts dans les résultats de ces cinq études de coût par pathologie pourraient s’expliquer par les différences d’organisation et de performance des systèmes de santé ou par le profil épidémiologique et démographique respectif de chaque pays.

Comment améliorer la comparabilité globale ?

Pour en faire réellement des outils de comparaison de performance et de pilotage des systèmes de santé, il conviendrait de pérenniser et d’actualiser ces études de coûts par pathologie et surtout il serait nécessaire de se doter de règles de comparabilité communes et d’une nomenclature de référence pour l’élaboration des Comptes de la santé.

Un problème malheureusement universel

Nous voyons bien que la pérennisation de notre système de santé dépasse l’hexagones et concerne tous les pays industrialisés (pour les pays en voie de développement, c’est un problème différent et encore plus complexes à résoudre). Chaque pays dispose d’un système de comptabilité nationale dans lequel sont retracés la production, la consommation et le financement de la « fonction santé ».

Les grands agrégats des comptes de la santé en France

Dans le cadre des comptes de la santé sont calculés :

  • La consommation des soins et de biens médicaux (CSBM) qui constitue la valeur totale des biens et services de santé consommés à titre individuel. Elle se compose des soins hospitaliers (publics et privés), des soins ambulatoires (médecins, dentistes, etc.), des transports de malades, des médicaments et des autres biens médicaux (optique, prothèses, etc.).
  • Les dépenses courantes de santé (DCS) qui est un agrégat plus large qui ajoute à la CSBM : les dépenses individualisables mais qui ne correspondent pas à un bien ou un service de santé (indemnités journalières de maladie, maternité, accident du travail, etc.), les dépenses de prévention à caractère individuel (dépistage, vaccination, etc.) ou collectif (campagnes d’information et d’éducation de la santé, etc.), les dépenses de fonctionnement et de développement du système de santé (formation des personnels de santé, recherche médicale, coût de gestion de las santé, etc.).
  • La dépense totale de santé (DTS) qui est un agrégat proche du précédent mais qui répond à la définition initialement proposée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et aujourd’hui adoptée par l’Union européenne et l’Organisation mondiale de la santé. Le DTS se différencie quelque peu de la DCS car elle intègre les investissements du secteur public hospitalier ainsi que les dépenses relatives à la dépendance et au handicap, mais ne comptabilise pas les indemnités journalières, ni les dépenses de recherche et de formation médicale.

La nomenclature SHA (System of Health Accounts)

Afin de disposer d’un système international commun donc comparable, l’OCDE a proposé le SHA, grille commune pour la production des Comptes de santé à travers des règles de comptabilité identiques et une déclinaison des agrégats monétaires selon trois critères : la nature des soins (health care function), le producteur des soins (health care provider) et la source de financement (source of financing).

Vers un système de santé durable?

Nous devons nous engager dans cette voie d’harmonisation des Comptes nationaux de la santé.
Je pense que c’est notamment en se comparant et en apprenant de l’autre que nous pourrons développer durablement un système de santé, non seulement compatible avec les besoins des générations futures, mais aussi soutenable sur le plan économique et irréprochable en terme d’équité sociale.

Source : Irdes, Questions d’économie de la santé n°143, juin 2009


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